Chut !

Devant nous, sur le plateau, Daniil Harms. Un comédien porte sa voix, lui redonne corps. Il vit dans un monde de papier aux couleurs des façades de Saint-Pétersbourg. Les feuilles s’amoncellent. Le personnage se fond complètement dans le décor monochrome, comme englouti dans un cauchemar. Il lutte et écrit.

Par l’entremise d’un petit théâtre d’objets, les personnages de ses histoires vont s’animer. Tel un sorcier vaudou il va leur faire vivre des aventures cathartiques dans lesquelles l’absurde et l’arbitraire sont le terrible reflet de la réalité quotidienne

L’humour est pourtant là, toujours, nécessaire dans la tragédie pour ne pas sombrer. Avec comme dernière bouée de sauvetage, le journal intime de l’auteur.

Extrait …
"Il était une fois un homme roux, qui n’avait d’yeux ni d’oreilles.
Il n’avait pas non plus de cheveux et c’est par convention qu’on
le disait roux. Il ne pouvait parler car il n’avait pas de bouche. Il
n’avait pas de nez non plus. Il n’avait même ni bras ni jambes.
Il n’avait pas de ventre non plus, pas de dos non plus, ni de colonne,
il n’avait pas d’entrailles non plus. Il n’avait rien du tout ! De sorte
qu’on se demande de qui on parle. Il est donc préférable de ne rien
ajouter à son sujet."